Elisabeth gets her way

Peut-on jouer de son corps comme d’un instrument ? C’est un exercice qui s’est imposé au danseur et chorégraphe Jan Martens en abordant le jeu radical et frénétique de la claveciniste polonaise Elisabeth Chojnacka dont il propose un portrait dansé.

Pionnière des avant-gardes et quasi-muse de compositeurs majeurs du XX^e siècle (Görecki ou Xenakis ont écrit pour elle), l’interprète a transformé les possibles de cet instrument indissociable de la tradition baroque, pour en tirer des sons et des textures inouïes, et lui appliquer une étourdissante virtuosité rythmique. C’est notamment ce travail sur le rythme que Martens entreprend de traduire sur scène, en poussant lui-même son corps à des extrémités dans un solo mêlant répertoire et éléments biographiques de cette figure culte de la musique contemporaine, disparue en 2017.

En étudiant sa vie, ici restituée par des entretiens sonores avec des proches, le danseur s’est identifié à son appropriation créative de partitions originales (anciennes ou modernes), mais surtout à son approche détendue, voire facétieuse, des pratiques artistiques expérimentales, dont elle a fait la découverte en autodidacte à l’issue d’une formation classique au clavecin.

Documentaire audio et questionnement artistique, Elisabeth Gets Her Way est avant tout une transe chorégraphique, prise dans le relief escarpé d’une sélection de pièces de la musicienne.