« Visages qui nous percutent à toute vitesse, comme un langage opaque à déchiffrer – condition de la rencontre et désir : de ressemblance comme d’altérité.
Visages où se marquent, s’écoulent et se lisent les lignes de vie empruntées – empreintes fortes et failles, tout cela affronté.
Visages faits d’ombres et de reflets, de creux et de bosses, de pleins et déliés – pile et face, profil haut ou profil bas, visages alphabets.
Visages paradoxes, par excellence lieux de révélation de l’intime comme des plus hautes dissimulations – masques, peut-être, de la douleur, de la folie, du trop nu et du trop cru.
Visages plissés où nous gardons mémoire, dépliés pour faire jouxter l’avant et le présent – ce qui nous donne vie, nous relie, nous déploie.
Visages enveloppés d’aura, d’existence lumineuse, ayant conquis une présence et qui fait être au monde humain celui qui le regarde – épiphanie du visage. Mon, ton, son, nos, vos, leurs visages. Ensemble nous avons porté attention, ensemble nous nous sommes dévisagés pour nous envisager, d’une surface à l’autre– table d’écriture et plateau de théâtre, aller-retour. »
Pierre Guéry