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Aujourd'hui vendredi 21 nov.

Expérience(s)

Ayçesu Duran

Par Grégoire Triau – Collectif La Friche
21 novembre 2025
© Grégoire Triau

En 2015, la Friche lance le programme Résidences Méditerranée avec l’Institut Français du Maroc. Depuis, une cinquantaine de jeunes artistes de nombreux pays du sud de la Méditerranée ont bénéficié de ce dispositif leur permettant de séjourner 3 mois à la Friche avec un accompagnement de l’une de ses structures résidentes.

Chaque artiste bénéficie alors d’un espace de production adapté à son projet et aux formes qu’iel développe. Un accompagnement personnalisé est mis en place via l’implication d’un·e accompagnateur·ice tout au long de la résidence, permettant des moments de parole et de « critique » qui ouvriront des espaces de réflexion à chacun·e.

Pour sa résidence à Fræme, l’artiste turque Ayçesu Duran poursuit un travail fait d’inter-relation entre les matériaux et les usages, mêlant une esthétique minimale et un ré-emploi précis d’éléments organiques et industriels. 

Quel est ton parcours, et comment a évolué ton travail ? 

J’ai fait mes études d’art à Londres. J’ai décidé de travailler des matières habituellement peu valorisées : des matériaux organiques, comme des graines, des os de seiche, de la terre ; ou industriels, comme des écrous, des barres métalliques, que je remet en valeur. En école par exemple j’ai eu envie de travailler le plâtre, qui sert de moule avant d’être jeté. J’utilise beaucoup de ready-mades [méthode de création basée essentiellement sur le réemploi d’objets déjà existants, industriels le plus souvent, que l’on soustrait de leur fonction usuelle et auxquels on donne une date et un titre. Ndlr

Combiner ces matériaux, les enchevêtrer pour questionner les relations entre la production humaine et les produits naturels, c’est ce qui est au cœur de mon travail. Je travaille beaucoup par associations d’idées, similarités. 

Par exemple, avec des sépions, les os de seiche. Je les trouvais en grand nombre sur les plages de méditerranée. Je suis retombée dessus plus tard, la matière m’a rappelé le plâtre, que je travaillais déjà, et en fait, les deux contiennent du carbonate de calcium. 

C’est précieux d’avoir du temps, avec un budget de production, pour essayer des choses sans obligation de résultat : on ne travaille pas du tout de la même manière. 

J’ai rapidement intégré à mon travail l’os en tant que matière, mais je veux aussi évoquer son usage : dans l’antiquité on en faisait des moules pour fondre des bijoux, cela détruisait le moule mais le bijou en gardait la trace. Maintenant ils sont sont vendus par grand nombre, dans de petites boîtes individuelles, comme nutriment pour les oiseaux. J’aime beaucoup des paradoxes et ces résonances.
 
De quelle manière la résidence à La Friche la Belle de Mai te permet-elle de nourrir ton travail ? 

C’est précieux d’avoir du temps, avec un budget de production, pour essayer des choses sans obligation de résultat : on ne travaille pas du tout de la même manière. 

J’ai fait beaucoup de sculpture en terre, testé différentes manières d’exposer et mettre en valeur les éléments que j’utilise. J’ai aussi pu bénéficier du réseau local : je voulais essayer cette méthode de fabrication avec les sépions et de l’aluminium, et c’est l’Atelier Nid, qui n’est pas loin, qui va m’y aider. 

Est-ce qu’il y a à Marseille et à la Friche des endroits que tu apprécies particulièrement ? 

Ici je passe beaucoup de temps dans mon studio ! À vrai dire je ne pense pas avoir de nouveau accès un jour à un studio aussi grand et lumineux. 

De la ville je retiens le port, qui me rappelle des endroits de la côte Égéenne, et le parc Longchamp avec le museum : j’y ai vu une collection d’os de seiche de toutes tailles !  

DÉCOUVRIR LE TRAVAIL DE AYÇESU DURAN
Instagram : @aycesu_duran
Site internet : https://www.aycesuduran.com/

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