Rencontre avec Myriam Bahaffou et Romy Alizée

Myriam Bahaffou, « Eropolitique »

Editions Le passager Clandestin, avril 2025.
Peut-on faire de l’érotisme une force politique écologique ? C’est le pari du dernier essai de Myriam Bahaffou, « Eropolitique », dans lequel elle critique la réduction du plaisir à un objet de consommation et de conquête, auquel elle oppose une éropolitique collective, décoloniale, antispéciste et queer.

Dans cet essai tant jubilatoire que rigoureux, pédés d’hier et chiennes d’aujourd’hui, sociologues et travailleur·euses du sexe, philosophes et twerkeuses dialoguent pour nous montrer combien la puissance désirante des individus et des groupes est le moteur de toute action révolutionnaire.

Loin de l’injonction à l’épanouissement individuel et des fantasmes de l’amour libre, l’éropolitique s’affirme comme une ouverture vertigineuse sur le monde. À travers la critique du consentement, l’exploration de pratiques dissidentes (l’écosexualité, le BDSM) ou plus populaires (le jeûne, la danse), l’autrice réhabilite les corps minorisés, défend une hyperféminité féministe et plaide pour un désir frondeur et avant tout déviant.

Chercheuse en philosophie le jour, militante écoféministe la nuit (entre autres activités secrètes), Myriam Bahaffou s’intéresse aux liens interespèces dans une perspective écoféministe et décoloniale afin d’élaborer une compréhension intersectionnelle des enjeux touchant à la justice climatique. Elle est l’autrice de Des paillettes sur le compost. Écoféminismes au quotidien (le passager clandestin, 2022). Elle a récemment signé plusieurs préfaces (Lynn Margulis, Gaïa, sexe et catastrophe, Wildproject, 2024 ; Yuna Visentin, Spiritualités radicales, Divergences, 2024) et coordonné le recueil L’écoféminisme en défense des animaux (Cambourakis, 2024).

Romy Alizée, « Des choses que j’imagine »

Editions Rotolux
Romy Alizée explore depuis plusieurs années une écriture photographique empruntant à la performance et au portrait.

Dans ce livre, trois séries réalisées entre 2019 et 2025 sont réunies et mises en regard : des autoportraits (Things I imagined), des portraits intimes (just us) et des paysages montagneux (passages délicats). Depuis la petite chambre parisienne de Romy, où posent ami·e·s, artistes et militant·e·s, s’écrit ainsi une histoire contemporaine des sexualités dites dissidentes.

Avec l’humour et l’autodérision comme outils de protestation, comme une invitation à réfléchir autour du geste photographique et à notre relation aux images intimes, ainsi qu’à celles qui les créent.

Des choses que j’imagine se conclut par trois nouvelles écrites par Romy Alizée : Premier Porno, Je fais de la merde & Tiny house. Autofictionnels ou issus de performances, ils dépeignent, à travers une langue crue et drôle, un autre espace, l’envers du décor photographique, où s’invitent expériences sexuelles plus ou moins réussies, réflexions sur le travail (du sexe, d’artiste) & autres ambivalences affectives.

Artiste autodidacte basée à Paris, d’abord modèle pour des photographes masculins, Romy Alizée s’empare très vite du médium photographique pour fabriquer un récit subjectif de l’émancipation, du désir et de l’identité lesbienne, autour de sa propre image et de celle de sa communauté. Elle réalise des œuvres faisant intervenir écriture, cinéma, performance, chant et radio, autour de sujets intimement liés à sa vie. Sa pratique, souvent collaborative, s’attarde plus largement sur les zones floues qui délimitent soumission aux injonctions et réappropriation des normes dominantes.

Son travail a notamment été exposé à la Nuit de l’Année des Rencontres photographiques d’Arles, au Centre de la photographie de Genève, à la Filature à Mulhouse ou encore aux Rencontres de La Jeune Photographie de Niort.  Elle est autrice de deux documentaires pour France Culture : 
Les Sentiers du Vertige (2025), et C(h)œur de sex worker (2024), coécrit avec Élisa Monteil. Entre 2019 et 2023, elle co-réalise avec Laure Giappiconi la trilogie de courts-métrages Romy & Laure. Actuellement, elle collabore avec le compositeur Vivian Allard sur Sainte Randonnée, un projet mêlant littérature et musique.

Festival Transform!

Festival de créations queer contemporaines, Transform! est un événement international et pluridisciplinaire dédié aux formes contemporaines qui défient les genres, intègrent le vivant et déploient les imaginaires. Depuis 2015 à Marseille, transform! diffuse, produit et accompagne les œuvres hybrides et troublantes d’artistes hors-normes. Il est porté par le collectif IDEM, composé d’activistes et d’artistes.

Cette journée est coordonnée par Sarah Diep et Soizic Pineau (Manifesto XXI), en partenariat avec Sarah Saby (Transform!) et Delphine Beccaria (Librairie de la Friche).