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Aujourd'hui jeudi 31 juil.

Expérience(s)

Hiba Dahibi

Par Sophie Bourlet – Collectif La Friche
25 juillet 2025
© Sophie Bourlet

En 2015, la Friche lance le programme Résidences Méditerranée avec l’Institut Français du Maroc. Depuis, une cinquantaine de jeunes artistes de nombreux pays du sud de la Méditerranée ont bénéficié de ce dispositif leur permettant de séjourner 3 mois à la Friche avec un accompagnement de l’une de ses structures résidentes.

Chaque artiste bénéficie alors d’un espace de production adapté à son projet et aux formes qu’iel développe. Un accompagnement personnalisé est mis en place via l’implication d’un·e accompagnateur·ice tout au long de la résidence, permettant des moments de parole et de « critique » qui ouvriront des espaces de réflexion à chacun·e.

Jeune photographe marocaine basée à Salé au Maroc, Hiba Dahibi travaille sur la notion de traces laissées par les humains dans des lieux désertés. Pendant sa résidence à la Friche du 5 avril au 7 juillet 2025, elle a travaillé avec l’accompagnement de Jeanne Mercier sur un livre regroupant textes et photos. Interview.

Comment es-tu arrivée jusqu’à la Friche ? Quels sont les sujets qui te traversent ? 

J’ai étudié la photo à partir de 2016, dans une école d’audiovisuel, car il n’existe pas d’école de photo au Maroc. J’ai depuis fait quelques expositions collectives, à Casablanca pour le prix Mustaqbal en 2023, ou le festival DABAPHOTO à Marrakech, et une exposition solo à la Fondation Mohamed VI pour l’Éducation à Rabat en 2024.  

À propos des sujets, je travaille surtout sur la notion de trace, de la mémoire que les gens laissent derrière eux, dans les endroits vides où il n’y a pas ou plus d’humains. J’essaye de concevoir mon travail comme un récit personnel qui documente le monde tel que je le perçois, raconter des histoires réelles ou imaginaires. J’interroge aussi l’immobilité dans un monde toujours plus rapide.  

Sur quoi as-tu travaillé pendant ta résidence à la Friche ?  

Mon père est décédé il y a quelques mois, j’ai donc décidé de travailler sur la manière dont je traverse le deuil. Ce travail a pris la forme d’un zine, en petit format, conçu comme une balade photographique. Il mêle des photos prises au Maroc et à Marseille, avec des textes poétiques. Cette autofiction raconte cet équilibre fragile, la tension entre distance et proximité, la mémoire de ce que l’on veut conserver, ou ce que l’on tente d’abandonner. Les lieux familiers deviennent des lieux douloureux tandis que l’ailleurs, que représente Marseille, devient une terre d’accueil.  

Quand je me balade, je prends des photos quand la lumière est parfaite et que l’endroit me touche, sans méthodologie particulière. Cela produit des instants, des textures, des absences. Des sortes de résidus émotionnels qui n’a besoin d’aucune histoire complète pour exister, où la cohérence se fracture délibérément pour évoquer l’instabilité de la mémoire. Il n’y a pas le nom des lieux et seulement une photo de mon père à la fin, donc on peut expérimenter le livre comme on le veut, pas forcément en pensant au deuil.  

Ici, je ne me sens pas étrangère, je me sens un peu chez moi. C’est pour ça que le livre est intitulé Home away from home.

© Sophie Bourlet

Est-ce qu’il y a des similitudes entre Marseille et Rabat ?  

Marseille ressemble peut-être plus à Tanger, dans le sens où c’est une ville méditerranéenne. Ici, je ne me sens pas étrangère, je me sens un peu chez moi. C’est pour ça que le livre est intitulé Home away from home. J’aimerais pouvoir revenir à Marseille ! 

Quel est ton endroit préféré à la Friche ? 

J’aime beaucoup le café à l’entrée, même si en ce moment, il y fait très chaud ! [ Rires ] Il y a des livres, du monde qui travaille. Je pense que la Friche est un endroit très intéressant, assez unique en son genre. L’immensité du lieu donne l’impression qu’on aura jamais fini de l’explorer.  

DÉCOUVRIR LE TRAVAIL DE HIBA DAHIBI
Instagram : @hiba_dahibi

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