Lecture et échanges autour du livre avec Liliane Giraudon, poète, et Sven Keromnes, traducteur.
< Muse dis-moi … >
Rien moins qu’une réécriture de l’Odyssée, La femme de personne est un poème en train de se faire, une matrice qui ne cesse pas de faire et de défaire : maille, toile, texture dont la matérialité même défigure et refigure, décode et recode l’épique poème de tous les poèmes.
Et avec lui le héros de tous les héros qui donne son nom à l’épopée, l’hégémonique masculin mis lui aussi à l’épreuve, sur le métier : Outis, Odyss, Ulysse… Personne.
La femme de personne peut bien s’appeler Pénélope, la femme de, mais La femme de personne n’appartient à personne. Reprogrammation, bifurcations, renversements de perspectives et trouées dans la toile homérique ainsi réactualisée constituent la trame de cette poétique de l’ère scientifique.
Un va-et-vient entre l’antique et grouillante matière épique, amoureuse et guerrière, et le propre texte de Barbara Köhler (1959-2021) qui s’engendre ici comme par lui-même, au fur et à mesure qu’on le lit, qu’on l’écoute.
BARBARA KÖHLER
Barbara Köhler (1959-2021) est née en RDA à Burgstädt. Ouvrière spécialisée dans l’industrie textile, elle a travaillé comme aide-soignante dans un foyer pour personnes âgées et comme éclairagiste au théâtre de Karl-Marx-Stadt. Passée dans les années 1980 par le fameux « Institut für Literatur Johannes R. Becher », son premier recueil a paru peu après la Réunification allemande en 1991. Traductrice de Gertrude Stein, Elizabeth Bishop et Samuel Beckett, elle a également une œuvre de plasticienne, qui prolonge son travail poétique à travers courts textes, photographies et installations. Trois de ses recueils ont été à ce jour traduits en langue française, tous trois aux éditions L’extrême contemporain : Deutsches Roulette (1991)et Blue Box (1995), par Laurent Cassagnau en 2022 et 2023, et Niemands Frau (2007)par Sven Keromnes en 2025.