Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui dimanche 8 sep.
Du 24 janvier 2023 au 3 avril 2024
Du lundi au vendredi de 14h à 17h
Samedi et dimanche de 14h à 18h
Vernissage le 24 janvier 2024 à 18h
Gratuit
Galerie Le Dernier Cri
Populaire et marginal, l’art du paño est une tradition carcérale où les mouchoirs servent à dessiner, à la plume avec de l’encre récupérée, de la cire ou du café.
L’art du paño, mouchoir en espagnol, est une tradition carcérale qui perdure au sud ouest des États-Unis dans la communauté chicana (américains d’origine mexicaine).
Les pintos (artistes emprisonnés) utilisent les mouchoirs en tissu distribués par l’administration pénitentiaire comme support pour envoyer des dessins à leurs proches à la manière d’une carte postale. Outre l’illettrisme fréquent, c’est aussi une façon d’exprimer pudiquement leurs émotions et d’offrir ce témoignage affectif. Les pintos sont généralement d’anciens membres de gangs qui purgent de longues peines. Tous ont grandi dans le barrio (ghetto chicano) où beaucoup de façades sont ornées de murales (fresques colorées) magnifiant l’identité chicana : mythes aztèques, guérilleros révolutionnaires mexicains, icônes religieuses… mais aussi la vida loca (vie folle).
S’inspirant de cette culture visuelle éclectique, les pintos reproduisent plus ou moins habilement cette imagerie sur des mouchoirs au stylo bille, par une technique de transfert proche de celle du tatouage. Les thèmes graphiques et les techniques varient en fonction du destinataire. Modestes dessins intimistes, personnages de cartoons, fantasmes érotico-sentimentaux, Jésus Christ et la Vierge de Guadalupe, Vida Loca, addiction à la drogue, dieux aztèques… Ces références s’entremêlent à celles de l’univers carcéral (barreaux, miradors, fils barbelés, sablier…) dans une composition dense.
Reno Leplat-Torti
Reno Leplat-Torti est artiste, sérigraphe, graphiste, éditeur et collectionneur d’art. En 2009, il découvre l’art des paños en glanant sur internet des petits objets du quotidien fabriqués en prison. Frappé par la puissance graphique, il prend contact avec des familles de détenus chicanos. Les 400 mouchoirs de sa collection sont souvent exposés dans de nombreux musées et galeries en Europe. Reno prépare un film documentaire sur cette tradition carcérale.