Conférence avec répétitions (1975) se présente apparemment comme une conférence « normale » dans laquelle un compositeur, seul sur scène, parle de son travail. Sauf que par un simple procédé de répétition où le public est aux commandes, elle se transforme en performance musicale qui finalement illustre plus le propos que n’importe quelle explication savante.
« Il s’agit bien d’une conférence avec répétition, puisqu’il me faut lire chaque phrase trois fois. La répétition a un rythme qui me plaît. Si quelqu’un aime entendre une phrase plus de trois fois, il suffit de dire « encore ». Et si quelqu’un trouve qu’une ou deux fois sont déjà assez, il n’a qu’à dire « assez ». Ça risque de se compliquer si les uns me disent « encore » et les autres « assez ». Je tâcherai de vous suivre malgré tout.
Peut-être me faudra-t-il lire quelques phrases huit ou dix fois. Ou me faudra-t-il lire quelques phrases vingt ou trente fois. Peut-être m’obligera-t-on à lire certaines phrases tant de fois qu’on en perdra le compte. On pourrait en tirer un effet assez intéressant. La conférence durerait alors bien plus longtemps qu’on ne s’y attend. »
Tom Johnson est un compositeur né au Colorado, résidant en France, où il connaît une relative notoriété, grâce notamment au succès de ses opéras.
Protestant pratiquant, Tom Johnson refuse l’auréole de compositeur, et lui préfère l’humble statut de « trouveur ». Le déterminisme implacable de ses trouvailles sonores, leur mécanique horlogère et désincarnée, contredisent bien des réflexes d’auditions et des habitudes esthétiques. Ainsi la « voix du Village » sonne-t-elle étrangement « simple » dans le fatras grandiloquent de l’intellectualisme européen.
Une proposition de marseille objectif dansE dans le cadre de l’exposition en deux volets « Par Hasard » présentée à la Friche la Belle de Mai et à la Vieille Charité jusqu’au 23 février 2020.