Laisser faire. Déprendre. Évaporation motrice. Peintre de promenade. Les mots de Jean-Luc Brisson sont tels des touches à l’aquarelle, qui ressemblent à ses peintures de nuages.
Une légèreté, une grâce et une poésie calme et douce. L’homme l’est aussi. Né dans la nature près de Manosque, les traits d’un pinceau chinois et d’une bouteille d’encre lui font découvrir, enfant, par l’intermédiaire d’un professeur d’art, l’art d’une peinture “de mémoire”, et donc d’une peinture de promenade. Pas sur le motif. Tout dans la tête, dans le souvenir. Étudiant, les grèves le poussent vers les arts plastiques, alors qu’il se destinait à l’architecture. Il décide alors de peindre, et d’enseigner. L’homme du sud part dans le nord, vers Béthune, qu’il adore pour sa lumière, son humidité, ses habitants. L’eau y travaille. Rencontre… L’observation de la nature l’habite depuis toujours, il reste fasciné par les jeux de l’eau, la puissance d’une graine, la force motrice de l’évaporation. Il y consacre sa vie et son art.
L’évaporation fait se lever le bras d’une grenouille géante (qu’il fabrique) avec une lenteur extrême ; pour s’en apercevoir, il faut la fréquenter, souvent, cette lenteur devient donc une forme d’invite au recommencement, à la conversation, à l’observation du temps qui passe et à la force subtile de la nature. Il en fera un livre, L’évaporation motrice (Actes Sud). La grenouille sera longtemps un animal totem, avant d’être remplacé, depuis quelques années, par les anges. Il fait partie depuis 15 ans de l’équipe pédagogique de l’École Nationale du paysage. Cet ami et admirateur du paysagiste Gilles Clément va y enseigner l’art et le non-spectaculaire, la puissance d’une graine qui pousse, l’art du laisser-faire et de la confiance dans la nature qui est également un grand art, à bas bruit. Écrivain et poète, peintre et jardinier, c’est le Ciel qui l’occupe.
Le Ciel qu’il a montré à la Friche avec une exposition de ses œuvres, sombres et légères, nuages tourmentés et dialogues subtils, joute verbale, amoureuse et impossible entre un nuage et une flaque, aquarelles touffues et colorées, pluies et improbables cumulo-nimbus de graphite.
Pluie, Jean-Luc Brisson
Rencontre avec le collectif Friche Verte
En mars 2020, Jean-Luc Brisson était convié à un échange avec le groupe de travail Friche Verte. Ce collectif, formé à la Friche par des résidents et usagers, met en travail une réflexion environnementale, liée aux activités culturelles et sociales du lieu. Pour en savoir plus, consultez les autres articles de notre dossier consacré.
La Belle Friche des Quais est un projet de recherche-action mené par un collectif de paysagistes marseillais, Par ailleurs Paysage, visant à développer un espace végétalisé dynamique, adapté, résilient, auto-entretenu et en contact direct avec le public.
Porteur de son passé industriel fort, le site de la Friche, très minéral et localisé en plein cœur de Marseille, tente de participer au développement d’espaces végétalisés et à la biodiversité locale.