Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui lundi 15 déc.

Ils·elles font la Friche

Lili

10 décembre 2025
© Clara Prat

Découvrez les portraits de celles et ceux qui traversent la Friche, pour un café au soleil, pour une après-midi, pour quelques années ou pour une vie.

Ici, les gens vont, viennent et souvent reviennent. Au détour des Manufactures, du restaurant, de la place des quais ou du Champ de Mai, un échange, quelques questions et des bribes d’histoires de ce lieu aux mille vies.

On dit qu’à la Friche, tout semble vivre plusieurs vies. Même les matériaux. Entre deux sessions de fouille dans les méandres des bennes, rencontre avec Lili, son brin de malice et ses idées les plus folles, celle pour qui le réemploi n’est pas qu’une pratique écologique, mais une façon d’habiter le monde autrement.

Après des études en communication pas des plus épanouissantes, Lili se dirige vers la scénographie et passe par l’École des Beaux-Arts de Monaco. Le Covid arrive et tout ce qu’elle et les autres étudiant·es avaient produit part à la poubelle. Quel sens trouver alors à tout ça ? Elle décide de rédiger un mémoire sur le réemploi de matériaux dans le domaine du secteur culturel et événementiel et rencontre l’équipe de La Réserve des Arts alors entrain de s’implanter à Marseille.
En 2022 elle fonde Asterolide, accompagnée de ses deux acolytes, Armelle Ambroggi et Faustine Brechet.

« J’ai grandi à Marseille, et ma première rencontre avec la Friche, c’était quand j’étais ado, pour venir voir les skateurs avec mes potes. J’ai grandi plutôt vers Endoume, donc l’underground et compagnie, c’était pas trop mon univers. J’avais trouvé ça assez impressionnant, déjà de pas connaître cette partie de la ville, alors que j’ai grandi là, et aussi de voir les disparités qu’il y avait dans le quartier. Le lieu m’avait beaucoup plu. Je dirais qu’il était assez différent à l’époque, moins lisse.

La partie très jeune de moi adore les soirées ON AIR sur le toit-terrasse. C’était vraiment notre rituel quand on était ados avec ma meilleure amie, venir faire nos soirées sur le toit, regarder le coucher de soleil…  Maintenant que je suis plus usagère de la Friche, j’y fais un peu moins la fête. Dans mon quotidien, j’aime beaucoup la zone jardinée qui est à côté de la Seita, que je trouve être un petit îlot avec un peu moins de monde et avec du soleil, pas très loin de notre atelier.


 
J’ai grandi dans une famille d’intermittent·es du spectacle. Donc, la récup’, c’est quelque chose d’intrinsèque à ces métiers-là. Comme iels sont tout le temps en train de consommer, iels récupèrent aussi beaucoup. Ça fait également partie de mon éducation.

Au quotidien à la Friche, nous fouillons les bennes et nous les trions. On achemine les matériaux qui nous semblent intéressants jusqu’à notre atelier et on les valorise. C’est-à-dire qu’on les démembre pour refaire de nouveaux matériaux.

Plus on trouvait de matériaux et plus les gens avaient des idées et nous ramenaient de nouveaux matériaux. Ça aurait pu être infini. Mais au final, le résultat est incroyable et les gens n’y croient même pas que c’est de l’upcycling. Et ça, c’est une grande réussite !

Pour le projet du LaboFriche que nous avons mené avec les architectes de Bk Club, il était vraiment question de réemployer, d’upcycler et surtout de ne pas puiser dans le neuf.  Nous avons dessiné ensemble le mobilier, vraiment à partir de ce que nous avons trouvé à la Friche. C’est la première fois que nous faisons un projet où on a entièrement puisé les matériaux sur site. Presque trois tonnes de matériaux ont été valorisés. Plus on trouvait de matériaux et plus les gens avaient des idées et nous ramenaient de nouveaux matériaux. Ça aurait pu être infini. Mais au final, le résultat est incroyable et les gens n’y croient même pas que c’est de l’upcycling. Et ça, c’est une grande réussite !

Bibliothèque du LaboFriche © Clara Prat

Dans le LaboFriche, il y a une bibliothèque qui fait trente mètres linéaires, entièrement faite avec l’ancien parquet de la Cartonnerie. Derrière cette bibliothèque, il y a un système d’isolation phonique parce qu’il fallait phonétiquement améliorer la salle. Nous avons récupéré tous les pendrillons, qu’il y avait au Gyptis et au Cabaret pour cette isolation. Les tables sont d’anciennes portes des bureaux de la coopérative. Il n’y a plus beaucoup de portes dans vos bureaux, maintenant ! Nous avons aussi utilisé un vieux panneau d’affichage de la Friche pour faire une crédence pour l’espace cuisine. Parfois les associations d’usage ne sont pas forcément évidentes, mais nous, c’est notre jeu, c’est comme ça qu’on s’amuse.

À la Friche, nous avons aussi travaillé sur une scénographie pour l’exposition Forger le réel, déjouer la forme avec Hephaïstos, un collectif qui a pour but de mettre en lumière des artistes en situation de handicap et de rendre accessible les lieux d’exposition à toutes ces personnes-là. C’était complètement différent parce que là, tout partait de l’usage.

Pour les temps à venir, nous allons travailler sur un audit autour de la question des nombreux déchets à la Friche dont on ne sait pas quoi faire. Nous sommes en train également de penser à un projet de ressourcerie interne dans la Friche avec l’équipe de la coopérative.

Nous travaillons avec des bénévoles issu·es de l’architecture ou de l’urbanisme, certain·es sont carrément devenu·es prestataires de l’association durant les grosses périodes de production. Nous avons aussi beaucoup de bénévoles issu·es de partenariats associatifs avec notamment l’ADDAP 13, le Wake Up’ café, des associations qui travaillent plutôt dans le milieu de l’insertion. Ce sont des publics que l’on ne connaissait pas mais nous adorons travailler avec elleux ! Notre objectif est de toucher le plus large public possible.

« Parfois les associations d’usage ne sont pas forcément évidentes, mais nous, c’est notre jeu, c’est comme ça qu’on s’amuse. »

Si la Friche était un matériau ? Malheureusement ce serait du béton… On en est encore là. Mais bon, tu sais dans le béton, il y a des brèches et parfois, il y a des plantes qui poussent !

Pour le futur de la Friche, j’imagine une ressourcerie. Ça, c’est obligatoire. Une ressourcerie de matériaux en connexion avec les habitant·es du quartier. Beaucoup plus de verdure, évidemment. Et puis aussi un Fab Lab, un lieu où tout le monde peut venir créer, accompagné, bien sûr, avec sensibilisation. Un endroit qui encourage à la créativité, à la fabrication et au réemploi.

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Lieu aux mille vies

Douja

« La première fois que je suis venue à la Friche, je restais derrière mes enfants, un peu perdue. Aujourd’hui, je m’implique et je m’engage pour mon quartier. »

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Anis

« La première fois que je suis venu à la Friche, j’avais 11 ou 12 ans. Maintenant, j’en ai 19 et j’ai pratiquement grandi ici. C’est comme ma deuxième maison »

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Marion

« La première fois que je suis venue à la Friche, c’était il y a une bonne vingtaine d’années pour une soirée cirque, je me souviens des guirlandes de guinguettes. Aujourd’hui je vis dans le quartier de la Belle de Mai avec ma famille et je viens quasi quotidiennement, notamment pour entretenir ma parcelle du Jardin des Rails. »

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L'élévateur fonctionne de nouveau dans tous les étages de la Tour pour accéder aux expositions mais la jonction entre le rez-de-chaussée Cour Jobin et le niveau 2 de la Friche (restaurant, salles de spectacle, parking...) est en panne.
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