Rencontre avec Hiba Dahibi, photographe marocaine accueillie à la Friche au printemps 2025 dans le cadre du programme Résidences Méditerranée.
Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui jeudi 31 juil.
En 2015, la Friche lance le programme Résidences Méditerranée avec l’Institut Français du Maroc. Depuis, une cinquantaine de jeunes artistes de nombreux pays du sud de la Méditerranée ont bénéficié de ce dispositif leur permettant de séjourner 3 mois à la Friche avec un accompagnement de l’une de ses structures résidentes.
Chaque artiste bénéficie alors d’un espace de production adapté à son projet et aux formes qu’iel développe. Un accompagnement personnalisé est mis en place via l’implication d’un·e accompagnateur·ice tout au long de la résidence, permettant des moments de parole et de « critique » qui ouvriront des espaces de réflexion à chacun·e.
Artiste marocaine multidisciplinaire, formée à la Villa Arson (Nice) et la School of the Art Institute of Chicago, Yasmine Hadni a pu approfondir avec Fræme du 5 avril au 7 juillet 2025 un travail intime, inspiré par son histoire familiale, au croisement de multiples disciplines. Interview.
Qu’est-ce qui constitue le cœur de ton travail ?
Je travaille à partir d’archives personnelles : des photos, des documents de famille, des vêtements… Et en particulier dans mes compositions peintes, je mêle mémoire et fiction, introspection personnelle et commentaire social, références filmiques et picturales. J’utilise aussi l’enfance, de manière récurrente, comme un outil conceptuel.
Je travaille beaucoup sur des choses qui me dérangent. Les vides, les impostures… et j’ai besoin de partir de quelque chose de très personnel, pour pouvoir me nourrir, sinon je n’arrive pas à créer. Être touchée par quelque chose c’est important pour moi, comme si j’étais une sorte d’intermédiaire.
Venir ici m’a redonné fierté et ce besoin vital de me reconnecter avec ce monde du Moyen-Orient.
Comment as-tu travaillé pendant la résidence ?
À la Friche j’ai continué à utiliser des archives, dont je me suis servi pour de la sérigraphie, notamment. J’ai aussi laissé de la place à deux sujets qui me passionnent, la parole et l’oralité. J’ai écrit des poèmes en arabe et français, que j’ai pu performer. J’ai d’ailleurs beaucoup répété ici, dans le jardin de la Villa des Auteurs. J’ai aussi avancé sur une pièce sonore, « Hadi machi mama, hadi mama li rbatni, hadi nana*, » sur le rôle fusionnel de la nounou dans la famille, et le rapport au langage.
Au Maroc, j’ai grandi en étant privée de mon identité amazighe. J’ai longtemps cru que ma crise identitaire ne concernait que cette part de moi. Mais durant ma résidence à la Friche, où j’ai eu la chance de vivre avec des artistes du Moyen-Orient, j’ai compris que j’avais aussi été tenue à distance d’une autre identité, mon identité arabe. Ce double manque m’a frappée de plein fouet. Et pourtant… c’est ce qui m’a redonné fierté et ce besoin vital de me reconnecter avec ce monde du Moyen-Orient, un monde dont je pensais ne pas manquer, mais qui m’a rendu ma dignité. Ici, tout a pris sens grâce à eux. C’est fou aussi de penser qu’à Marseille, je me retrouve à parler plus arabe qu’au Maroc, le pays où je suis née et où j’ai grandi !
* « Elle n’est pas ma mère, elle est la mère qui m’a élevé, elle, c’est Nana. » Nana en berbère se traduit par « grand mère » mais désigne la nounou.
DÉCOUVRIR LE TRAVAIL DE YASMINE HADNI
Instagram : @yasminehadni
Site internet : https://www.yasminehadni.com/
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