Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui samedi 12 juil.

La Friche vue par

Douja

23 juin 2025

À la Friche, il y a des gens qu’on voit souvent. Celles et ceux qui font, qui s’activent, qui tissent des liens entre les lieux, les projets, les familles.

Habitante du quartier depuis quinze ans, maman engagée, membre du collectif On le fait pour nous, Douja connaît bien la Belle de Mai. Elle est aujourd’hui l’un des visages d’une Friche qui s’invente et s’imagine avec les habitant·es.

« Je m’appelle Douja, j’habite à la Belle de Mai depuis 15 ans. Je suis maman de trois enfants : Shahine, qui est en seconde, Wissem en 6e, et Manar, qui est encore à l’école primaire, à Cadenat. Je suis parent-déléguée depuis 8 ans, et je fais partie du collectif On le fait pour nous, un collectif d’habitant·es qu’on a monté pour mieux faire le lien entre les gens du quartier et les structures.

Douja © Clara Prat

Quand je suis arrivée à la Belle de Mai, je ne connaissais pas du tout la Friche. C’est en parlant avec une voisine que j’ai découvert cet endroit. À l’époque, mes enfants étaient petits : j’avais Wissem et Chahine, Manar n’était pas encore née. Quand je suis venue pour la première fois, c’était pour les amener au wagon-jeu. C’était immense, je ne comprenais pas trop comment c’était organisé. J’étais un peu perdue. 

Petit à petit, on a trouvé notre place. C’est grâce à Farid, un médiateur social, que mes enfants ont commencé le skate. Ensuite, ils ont participé aux Petits Mercredis, des ateliers créatifs. Noémie, l’artiste qui les animait, a beaucoup compté. Elle a transmis le goût du dessin à mes enfants, surtout à Shahine. Puis il y a eu les stages au MediaLab et avec le Théâtre Massalia. Il a appris à utiliser des micros, des caméras, à faire des interviews. Il a pris confiance, il est sorti de sa timidité. Aujourd’hui il continue, et moi je suis là à chaque restitution, et je suis fière de ce qu’ils font.

Chahine et Wissen pour une restitution des Massalia Web Trotters sur le toit-terrasse en 2024 ©Tamara Nordlund

Au début, la Friche me paraissait un peu étrangère. Mais avec le temps, j’ai pris mes marques. C’est devenue un lieu où on peut faire des fêtes, se retrouver entre familles, organiser des anniversaires, ou simplement se poser pour que les enfants jouent. Il y a de l’espace, des jeux, des terrains… C’est vraiment utile, surtout en hiver quand les parcs sont fermés.

Avec d’autres habitant·es, on a créé le collectif On le fait pour nous, à l’initiative de Kheira. On s’est rendu compte qu’il se passait plein de choses dans le quartier, mais que les gens ne le savaient pas. Alors on s’est réuni·es, chacun·e avec son expérience, pour agir ensemble : donner accès à l’information, créer du lien, orienter vers les structures. On organise des repas partagés, des fêtes, des rencontres. Chacun peut venir, parler sa langue et transmettre sa culture. Ce qu’on veut, c’est que les habitant·es soient acteur·ices, qu’on prenne part aux décisions.

«C’est nous qui vivons ici, on sait ce dont on a besoin. »

Pour moi, la Friche a beaucoup évolué. Avant, on avait l’impression que c’était un lieu réservé aux gens qui travaillaient ici. Maintenant, il y a plus de projets partagés avec les habitant·es. Ce n’est pas parfait, mais ça avance.

C’est un lieu précieux pour nous. C’est un espace ouvert, vivant, où on peut organiser des choses grâce au travail avec Nicolas, qui fait partie de l’équipe de coopération territoriale. Par exemple, on a maintenant accès à la Petite Agora. C’est une salle pour les habitant·es qu’on peut utiliser pour se réunir, faire des ateliers, organiser des formations. Nous, on l’utilise souvent avec le collectif. C’est simple, pratique, et ça montre qu’on a notre place ici.

Il y a quelques mois, j’ai été élue pour représenter les habitant·es au sein de la Commission du Fonds contributif de la Friche. C’est une vraie responsabilité et j’en suis très fière. Ça permet de soutenir des projets pensés par les gens du quartier. Pour le tout premier, on a choisi de soutenir le projet d’un four à pizza au Couvent Levat.

Inauguration du four à pizzas ©Nicolas Dupont

Avant, les décisions se prenaient sans nous. Aujourd’hui, on peut proposer, voter, s’impliquer. J’aime mon quartier, je me bats pour lui, pour son avenir, pour celui de nos enfants. On manque encore de beaucoup de choses, notamment d’infrastructures sportives et de loisirs. Donc pouvoir être là, voir ce qui se propose, et voter sur les projets, c’est important pour moi.

Chaque jeudi, on vend des gâteaux au café de la Salle des Machines pour aider les écoles du quartier. Et cette année, on participe à la vente sur le toit-terrasse pendant les soirées, avec d’autres associations du quartier. Ça fait plusieurs années que ça existe, mais maintenant, nous aussi on participe.

Nouvel an amazigh – 2025 ©Caroline Dutrey

Aujourd’hui, les choses changent. Il y a plus d’activités avec les habitant·es, plus de projets en commun, plus d’ouverture. Par exemple, la rupture de jeûne du ramadan qu’on a organisé ici avec les grandes Tables, ou encore le nouvel an amazigh. Avant, je ne pense pas qu’on aurait pu faire ça ici.

À une maman qui n’ose pas venir, je dirais : « Viens ! Tu trouveras quelque chose pour tes enfants, et pour toi. » Il y a des ateliers, du skate, du théâtre, des espaces pour se poser. Même moi, je découvre encore des choses. Il faut juste oser pousser la porte. »

À lire dans le même dossier

Lieu aux mille vies

Anis

« La première fois que je suis venu à la Friche, j’avais 11 ou 12 ans. Maintenant, j’en ai 19 et j’ai pratiquement grandi ici. C’est comme ma deuxième maison »

Lire la suite

Marion

« La première fois que je suis venue à la Friche, c’était il y a une bonne vingtaine d’années pour une soirée cirque, je me souviens des guirlandes de guinguettes. Aujourd’hui je vis dans le quartier de la Belle de Mai avec ma famille et je viens quasi quotidiennement, notamment pour entretenir ma parcelle du Jardin des Rails. »

Lire la suite

Greg

« La première fois que je suis venu au Gyptis c’était en 2021. Je suis cinéphile depuis mon enfance, avec l’histoire de mon grand-père paternel qui m’emmenait au cinéma dès le plus jeune âge. J’ai ces souvenirs qui ont perduré, et aujourd’hui, à 49 ans, ça se poursuit. »

Lire la suite